La piste célèbre Truong Son, la piste Ho Chi Minh, lors de la résistance contre les impérialistes américains, est utilisée par l’Armée populaire du Vietnam pour ravitailler en nourriture et en matériel le front du Sud. Elle est devenue emblématique de la guerre au Vietnam.
Le 19 mai est depuis 55 années la Journée traditionnelle du Corps Truong Son 559, l’unité chargée d’ouvrir la piste Ho Chi Minh, un ensemble de routes et de sentiers.
C’est ce jour-là, en 1959, que les travaux d’une voie de logistique militaire traversant la cordillère Truong Son pour approvisionner les troupes du théâtre opérationnel du Sud ont été lancés. L’intensification des combats dans le Sud a conduit l’Armée populaire du Vietnam à fournir de plus en plus de matériel aux combattants du Sud. C’est la piste Ho Chi Minh, chez les Vietnamiens, la piste Truong Son parce qu’elle emprunte la cordillère éponyme : un réseau élaboré de voies de toutes tailles à travers la jungle touffue de la montagne.
L’unité 559 s’est vu confier cette tâche gigantesque et ardue. Des dizaines de milliers de combattants, fusil à l’épaule, ont utilisé en même temps des houes et des marteaux pour ouvrir une piste à travers la jungle de Truong Son. La construction puis la maintenance de cette voie a impliqué aussi de nombreux jeunes d’avant-garde, dont nombre de jeunes femmes volontaires. Tous travaillaient par patriotisme pour permettre aux convois militaires de circuler du Nord au Sud dans un seul but : la réunification nationale.
«Les traditions des combattants de Truong Son peuvent se résumer en quelques mots : solidarité, autonomie, courage, persévérance, créativité et discipline», rappelle le général de brigade Dô Giang Nam, directeur de la Compagnie générale de construction de Truong Son (successeur du Corps Truong Son 559) et commandant du Corps de troupes 12.
Cette piste est un réseau complexe de sentiers pédestres et de voies carrossables, en terre battue, avec d’importantes portions recouvertes de concassé. La piste est jalonnée de zones de repos, de ravitaillement et de réparation pour maintenir la voie fonctionnelle en dépit de tout : bombardements aériens intensifs américains, attaques de commandos, mais aussi un climat plus que difficile. La priorité de l’ennemi a été d’empêcher ce flux vital alimentant les troupes du Sud. Mais les combattants du Nord ont uni leurs efforts, consacrant toutes leurs capacités à cette mission sacrée de maintenir cet axe en déjouant toutes les tentatives de l’adversaire pour le détruire.
Au début, la voie était petite. Mais avec le temps, la sueur et le sang des combattants, des travailleurs civils et des jeunes bénévoles, elle s’est agrandie de plus en plus.
Chiffres vertigineux
La piste Ho Chi Minh est devenue un réseau de 5 axes le long de la cordillère de Truong Son et de 21 axes horizontaux continus d’une longueur totale de 20.000 km. Il s’agissait également d’une voie fluviale de 500 km, et d’un pipeline de carburant de 1.400 km. «C’est grâce à cette piste que nous avons pu transporter plus de deux millions de tonnes d’armes, de munitions et d’équipements vers le front du Sud. Plus de deux millions de personnes l’ont empruntée et nos forces armées ont pu effectuer de grands mouvements vers le Sud, en acheminant chars et artillerie lourde. Cette piste a permis de changer le rapport de force et la situation sur le front, contribuant notablement à la victoire finale de l’armée vietnamienne, au printemps 1975», précise le général Dô Giang Nam.
Durant 16 années, de 1959 à 1975, consacrées à la fois à l’ouverture de la piste et aux combats, plus de 23.000 personnes sont tombées héroïquement, et plus de 30.000 autres ont laissé une partie de leur corps dans la montagne et la jungle de Truong Son, ce sans compter les dizaines de milliers de personnes qui ont été infectées par des maladies presque incurables, comme le paludisme, et, pire, par des produits chimiques toxiques dont la douleur se fait toujours sentir encore aujourd’hui…
Signification
La grandeur de la piste Hô Chi Minh, c’est que le flot de véhicules et de troupes l’empruntant a toujours été ininterrompu grâce aux efforts inlassables des personnes qui y ont concouru, y laissant leur vie ou leur jeunesse. «Nous pouvons, et devons aussi, affirmer que la piste Truong Son symbolise la volonté d’acier dont ont fait preuve l’ensemble du Parti, du peuple et de l’armée pour libérer le Sud et réunifier le pays. C’était une innovation stratégique unique, un symbole fort de l’art du Parti communiste du Vietnam dans sa direction de la guerre de tout le peuple. Un exploit qui mérite d’avoir sa place dans les annales vietnamiennes, mais aussi dans l’histoire militaire du monde», estime le général Dô Giang Nam.
La piste Ho Chi Minh traduisait, pendant la résistance contre les États-Unis, l’aspiration ardente des Vietnamiens à l’indépendance, à la liberté et à l’unité nationale.
Aujourd’hui, la guerre est passée, l’odeur de la poudre ne se fait plus sentir, et la verdure a recouvert les blessures de la terre. Bien que doublée par l’autoroute Hô Chi Minh, cette piste historique demeure à jamais dans l’esprit de plusieurs générations de Vietnamiens.